If I had died... I would have never felt sad at all... [Silent Hill 4]

Comme je me sentais mieux dans ce Moi "underground", qui se voulait intouchable et invulnérable, déluré et inavouable.

Sûre de mon influence destructrice sur les autres, je me nourrisais de la délectation que faisait naître en moi leur attention toute frâiche à mon égard, moi qui ne faisait rien comme tout le monde, qui refusait de vivre et qui souhaitait seulement cesser d'exister, le temps que.

Le temps que ces choses indéfinissables et totalement improbables à mes yeux reprennent une place que je croyais à jamais vide dans ma vie. Le temps que, disais-je à chaque question indiscrète, dans mon délire de justification de mes méfaits.

Et j'ai regardé froidement, j'ai baisé froidement, j'ai quitté froidement, j'ai semé l'espoir dans les tranchées sanguinolantes de coeurs encore vierges pour arracher froidement le fruit de mes exploits. Le temps que.

" You lie, silent there before me...
Your tears, they mean nothing to me. "

Le temps que quoi au juste ?

Sur les pages griffonées de la seule existence que je ne partage pas, celle qui repose enfermée dans un cahier rigide, j'avais écrit : "Le temps de trouver quelque chose qui comble le vide, ou qui sait, quelqu'Un."

Oui. C'est ce que j'avais écrit à l'époque. Il faut croire que j'attendais que quelkqu'Un me rapelle à la vie.

Et me fasse redécouvrir les sentiments réels. Ceux qui vous rongent et vous ramènent à votre misérable condition humaine de faiblesse, de dépendance et d'inutilité... Ceux qui vous font changer, et vous font accepter de n'être qu'un parmi tant d'autres à ressentir, et pourtant l'Unique aux yeux d'un autre.

Ceux qui vous donnent un but, mais aussi une âme, et une dignité dans votre fragilité.

Parce qu'être fort mais laid, c'est donné à tout un chacun. Etre fort et beau (dans le sens de respectable et digne), il n'y a que l'Amour qui le permette, et lui même a besoin de temps pour ça.

Je regarde en arrière avec une pincée de nostalgie pour l'infaillible Moi, cette merveilleuse pourriture issue d'heures trop sombres pour être écrites sur un fond noir. A tous ceux qui respectent encore cette personne, rassurez vous, elle ne pourra renaître que plus chienne encore si on lui en donne l'occasion.

Mais aux autres... souhaitez-moi de ne plus la revoir, de me contenter de la relire parfois, de la réécrire surtout.